Cochons

95 % des cochons en système intensif

En France, 95 % des cochons sont élevés selon le modèle le plus intensif : une vie sur du béton, sans paille ni accès à l’extérieur, des truies encagées, des verrats isolés toute leur vie…

Confinés dans des enclos surpeuplés

En élevage intensif, les cochons sont engraissés durant 3 à 4 mois dans des enclos sans aucun accès à l’extérieur. La surface minimale qui leur est allouée est fixée par la réglementation en fonction de leur poids1. Un cochon de 100 kg ne dispose par exemple pour vivre que de 0,65 m2, c’est-à-dire à peine la surface dont il a besoin pour s’allonger sur le côté2 !

Cette promiscuité extrême empêche les cochons d’assouvir leurs besoins les plus essentiels : se reposer à l’écart de leurs déjections, socialiser ou au contraire éviter leurs congénères agressifs (voir Intelligence et vie sociale des cochons) et évidemment, se déplacer : en élevage intensif, les cochons passent plus de 80 % de leur temps couchés au sol3.

 

Surfaces minimales par cochon définies par la réglementation4 :

Poids de l’animal vivantSurface par cochon
Jusqu’à 10 kg0,15 m2
Entre 10 et 20 kg0,20 m2
Entre 20 et 30 kg0,3 m2
Entre 30 et 50 kg0,4 m2
Entre 50 et 85 kg0,55 m2
Entre 85 et 110 kg0,65 m2
Plus de 110 kg1 m2

Un sol en béton, sans un brin de paille

Dans 9 élevages français sur 10, le sol est couvert de béton ajouré (caillebotis), sans paille5. Les cochons ont pourtant besoin de fouiller le sol avec leur groin, de creuser avec leurs pattes, de mâchouiller, de brouter. Cette activité d’exploration est si essentielle à leur bien-être qu’ils y consacrent 75 % de leurs journées en semi-liberté6. Depuis 2003, les cochons doivent disposer de « matériaux manipulables » pour satisfaire ce besoin7. Or, au lieu de leur fournir de la paille, la plupart des élevages suspendent simplement des chaînes en métal au plafond8.

Privés d’espace, de litière et de toute stimulation, les cochons ne peuvent assouvir aucun de leurs besoins fondamentaux. La frustration et le stress engendrent des troubles du comportement : agressivité, stéréotypies (marcher d’avant en arrière, mordre les barreaux), morsures des oreilles et de la queue des congénères (caudophagie).

Pour prévenir la caudophagie, les porcelets ont la queue coupée sans anesthésie (voir Mutilations des porcelets). Au lieu de leur infliger cette mutilation extrêmement douloureuse, il suffirait d’améliorer leurs conditions d’élevage avec de la paille et de leur offrir plus d’espace : 1 m2 supplémentaire par cochon diminue de 98 % les morsures de la queue au sein d’un groupe9.

Blessures, boiteries et maladies respiratoires

À peine sevrés, les cochons de différentes portées sont brutalement rassemblés et mélangés. Dans les enclos, les combats sont donc fréquents avec à la clé, blessures, infections et abcès. Aux morsures s’ajoutent les blessures et les boiteries causées par un sol dur, abrasif et glissant. Les cochons se coincent, se tordent voire se déchirent les griffes et les ergots entre les lattes en béton. Ils souffrent souvent de bursites (gonflement d’une articulation due à la pression du corps sur un sol dur). Au départ pour l’abattoir, jusqu’à 8 cochons sur 10 souffriraient d’ostéochondrose, une maladie douloureuse des articulations liée à la croissance accélérée des cochons10 (voir Une productivité sans limites).

Autre problème de santé majeur en élevage intensif, les troubles respiratoires causés, entre autres, par le manque d’hygiène et d’aération dans les bâtiments. Une étude a estimé que 42 % des cochons souffriraient de lésions respiratoires en élevage intensif contre seulement 16 % en élevage bio11.

Truies : la moitié de leur vie en cage

Les truies passent la moitié de leur vie enfermées dans des cages si étroites qu’elles ne peuvent pas se retourner. D’abord en cages de gestation (durant 4 semaines après la saillie et 1 semaine avant la mise bas) puis en cages de maternité (durant la période de mise bas et d’allaitement des porcelets, qui dure 3 à 4 semaines). Incapables d’interagir avec leurs petits et privées de paille pour construire leur nid, les truies souffrent d’un stress intense12 (voir Intelligence et vie sociale des cochons). Elles peinent à se lever, glissent, se cognent aux barreaux, souffrent de lésions aux pattes et d’escarres.

Hors période de gestation et de maternité, les truies vivent en groupe, dans des enclos leur offrant à peine plus de 2 m2 chacune13. Les boiteries, source de stress et de douleur, constituent l’une des principales causes de départs à l’abattoir prématurés14. Elles sont 5 fois plus fréquentes chez les truies en élevage intensif qu’en élevage bio sur paille15.

L’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) conclut qu’il n’existe aucun moyen d’améliorer le bien-être des truies en cage. Elle recommande donc de les remplacer par des enclos individuels de 7,8 m2 minimum. Quant aux truies vivant en groupe, l’EFSA estime qu’il faudrait au moins 47 m2 par animal pour leur permettre d’assouvir correctement leur besoin de se déplacer16.

Verrats : toute une vie à l’isolement

Les mâles élevés pour la reproduction (les verrats) ne sont pas mieux lotis. Alors que les cochons sont des animaux grégaires (voir Intelligence et vie sociale des cochons), les verrats passent toute leur vie à l’isolement, dans des enclos de 6 m2, sur du béton sans paille. De l’âge de 6 mois jusqu’au départ pour l’abattoir, ils n’en sortent que brièvement, pour les besoins de la reproduction.

Les verrats souffrent aussi de la faim, car leur alimentation est restreinte afin d’éviter l’obésité, maximiser la reproduction et minimiser les coûts de production17.

Sources