Impact sur la santé humaine
L’élevage intensif des poulets de chair n’est pas anodin pour la santé humaine.
En effet, cette production est une cause fréquente d’intoxication alimentaire. La consommation de poulet est par exemple responsable de 44,4 % des cas humains de campylobactériose1.
En outre, des antibiotiques sont administrés aux oiseaux en grande quantité, parfois directement dans leur alimentation. Non seulement 75 à 90 % de ces antibiotiques sont rejetés dans l’environnement2, mais leur utilisation massive induit l’apparition de bactéries résistantes. Une antibiorésistance qui impacte ensuite la santé des humains via la consommation de viande. 30 % des souches d’E. coli présentes dans le tube digestif des poulets à l’abattoir sont ainsi résistantes aux fluoroquinolones et 37 % à l’ampicilline3. Or, chez l’homme, l’antibiorésistance est la cause de 700 000 décès par an dans le monde et pourrait devenir une des premières causes de mortalité en 20504.
L’aviculture intensive favorise aussi l’émergence de zoonoses. Entasser des milliers d’animaux génétiquement très proches dans un minimum d’espace pour une durée de vie très courte crée les conditions idéales pour la propagation de nouveaux pathogènes5. L’élevage intensif de volailles a par exemple contribué à l’apparition et au développement de maladies comme la grippe aviaire. Depuis 2006, la France a ainsi connu 6 épisodes de grippe aviaire. Plus de 21 millions d’oiseaux ont été abattus pour la seule vague 2021-20226.
Enfin, l’élevage intensif de poulets émet dans l’air d’énormes quantités de particules de poussière contenant des fragments de plumes et de peau, des excréments, des particules d’aliments, des bactéries, des champignons, etc. Des poussières qui s’échappent des bâtiments par le système de ventilation et se répandent dans l’air. Des études ont montré qu’une quantité importante de ces micro-organismes pouvait être détectée dans l’air dans un rayon de 3 km autour des élevages de volailles. Or les cas de pneumonies étaient plus élevés chez les personnes vivant à moins de 1 km de ces élevages7.
Impact sur l’environnement
Si l’impact de la production de viande rouge sur l’environnement est désormais relativement connu et fait l’objet d’un consensus de la part de la communauté scientifique, les problèmes environnementaux liés à l’élevage de volailles sont souvent passés sous silence.
Or la production de viande de poulet est elle aussi émettrice de gaz à effet de serre. On estime que pour produire 1 kg de poulet, 7 kg de CO2 sont émis8 ! L’élevage de poulets consomme également beaucoup d’eau. Il faut en moyenne 5 fois plus d’eau pour produire 1 kg de protéines de poulet que pour produire 1 kg de protéines végétales. Si l’on compare des nuggets de poulets avec des nuggets végétaux (soja et blé), ce ratio grimpe même à 9,59.
Par ailleurs, à l’instar de l’élevage porcin, l’élevage de volailles contribue significativement à la pollution des eaux. En effet, en se décomposant, les déjections des animaux produisent de l’azote, source de pollution microbienne et responsable de la prolifération d’algues lorsqu’il est rejeté dans les eaux.
Enfin, l’élevage des poulets constitue un gaspillage de ressources énorme : il faut 5 kg de protéines végétales pour produire 1 kg de protéines de poulet10, l’élevage de ces oiseaux a donc des conséquences directes sur la raréfaction des terres agricoles. De plus, l’alimentation des poulets est constituée pour un quart de soja. Or le soja utilisé pour nourrir les animaux est massivement importé du Brésil11. La production de viande de poulets est donc pour partie responsable de la déforestation.
- Eurofins, 2021. « Campylobacter : un risque toujours d'actualité, une méthode de confirmation et d'identification express ».
- Parlement européen, 2019. Le Secteur de la viande de volaille et des œufs de l’Union européenne. Principales caractéristiques, défis et perspectives, 21 p. (p. 14).
- Anses, 2023. Élaboration d’une liste de couples « bactérie/famille d’antibiotiques » d’intérêt prioritaire dans le contrôle de la diffusion de l’antibiorésistance de l’animal aux humains et propositions de mesures techniques en appui au gestionnaire, avis de l’Anses, saisine n° 2020-SA-0066, 192 p. (p. 66-67 et p. 74).
- Eurofins, 2021. « Campylobacter : un risque toujours d'actualité, une méthode de confirmation et d'identification express ».
- Parlement européen, 2019. Le Secteur de la viande de volaille et des œufs de l’Union européenne. Principales caractéristiques, défis et perspectives, 21 p. (p. 14).
- Anses, 2023. Élaboration d’une liste de couples « bactérie/famille d’antibiotiques » d’intérêt prioritaire dans le contrôle de la diffusion de l’antibiorésistance de l’animal aux humains et propositions de mesures techniques en appui au gestionnaire, avis de l’Anses, saisine n° 2020-SA-0066, 192 p. (p. 66-67 et p. 74).
- Haute autorité de santé, 2021. « Lutte contre l’antibiorésistance : choix et durée de prescription des antibiotiques dans les infections bactériennes courantes », communiqué de presse.
- Testard-Vaillant, P., 2020. « Les virus sont une des forces majeures qui façonnent la biosphère », CNRS Le journal, 13 mai 2020.
- COVARS (Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires), juin 2023. Avis sur le risque sanitaire de grippe aviaire lié à l’influenza aviaire hautement pathogène, 55 p. (p. 4 et 18).
- Gržinić, G. et al., 2023. « Intensive poultry farming: A review of the impact on the environment and human health », Science of The Total Environment, vol. 858, 28 p. (p. 15).
- Ademe, 2023. « Impact environnemental du poulet sans abats, éviscéré, cru », agribalyse.ademe.fr.
- Moyennes calculées à partir des données Agribalyse (Ademe, 2023).
- Mottet, A. et al., 2017. « Livestock: On our Plates or Eating at our Table? A New Analysis of the Feed/Food Debate », Global Food Security, vol. 14, 104 p. (p. 1-8).
- INRA (Institut national de la recherche agronomique), 2015. Volailles : les chercheurs veillent au grain, 27 p. (p. 11-12).