En 2018, le cheptel français (nombre d’animaux) comptait 7,2 millions de moutons1, principalement situés en Nouvelle-Aquitaine et en Occitanie2. En France, la consommation de viande d’agneau connaît des pics de consommation, particulièrement autour des fêtes de Noël, de Pâques et de l’Aïd-el-Kébir.
Les différents modes d’élevage
En France, les moutons sont élevés pour leur viande et leur lait. L’élevage s’organise autour de deux filières.
Les troupeaux dits « allaitants », pour la production de viande d’agneau exclusivement.
Ils représentent autour de 90 % des exploitations ovines en France3, environ 70 % du cheptel de brebis4.
Dans ces élevages, les brebis allaitent leurs agneaux jusqu’au sevrage, puis les agneaux sont engraissés pour la production de viande.
Les troupeaux dits « laitiers », principalement pour la production de lait de brebis.
Ils représentent environ 10 % des exploitations ovines3, 30 % du cheptel de brebis4.
Dans ces élevages, les brebis sont traites deux fois par jour pendant une période d’environ 6 mois chaque année, afin de recueillir leur lait. Leurs agneaux leur sont retirés précocement, et seront tués pour leur viande.
La reproduction des brebis
Lorsque brebis et béliers sont laissés en liberté, leurs agneaux naissent en général au début de l’année (vers janvier-février). Cependant, en élevage, pour répondre aux demandes du marché, il n’est pas rare que les éleveurs séparent les mâles du troupeau ou aient recours à l’insémination artificielle5 et synchronisent les chaleurs des brebis par traitement hormonal6.
L’élevage des brebis pour le lait
L’élevage de brebis pour la production laitière a pour finalité principale la production de fromages, essentiellement AOP. Il est très largement concentré en Occitanie (Aveyron, Lozère, Tarn) pour le roquefort, en Nouvelle-Aquitaine pour l’ossau-iraty, ainsi qu’en Corse pour le brocciu.
En élevage laitier, les brebis donnent généralement naissance à leur premier agneau vers l’âge d’un an. Elles sont ensuite traites deux fois par jour, pendant 6 mois environ chaque année, après chaque portée d’agneaux. Les petits sont séparés de leur mère précocement, après quelques semaines dans le bassin de production du roquefort7. La plupart des agneaux femelles deviendront à leur tour des brebis laitières. Quant aux agneaux mâles, ils seront destinés à la production de viande : ils seront généralement vendus non sevrés comme agneaux de lait ou agneaux légers et pourront notamment être abattus et consommés lors des fêtes de Noël et de Pâques. Lorsque leur production de lait sera jugée insuffisante, les brebis laitières seront envoyées à l’abattoir.
L’élevage des moutons pour la viande
Dans les élevages « allaitants » destinés exclusivement à la production de viande d’agneau, les agneaux sont allaités par les brebis jusqu’au sevrage. Ils sont élevés au sein de l’exploitation où ils sont nés.
On distingue deux modes d’élevage : les agneaux de bergerie (élevés en bâtiment) et les agneaux d’herbage (élevés en plein air).
Les agneaux de bergerie n’ont pas accès à l’extérieur. L’objectif est que leur chair conserve une couleur rose pâle pour répondre à la demande des consommateurs. Pour cela, ils ne mangent pas d’herbe (qui rend leur chair plus rouge), mais boivent principalement du lait maternel jusqu’à l’âge de 70 jours, puis sont nourris de céréales et de fourrages. Les agneaux de bergerie sont envoyés à l’abattoir vers l’âge de 3-4 mois.
Les agneaux d’herbage, eux, ont accès à l’extérieur et peuvent manger de l’herbe en plus du lait de leur mère. Ils sont abattus entre 3 et 12 mois.
Dans ces élevages « allaitants », les brebis reproductrices (qui donnent naissance aux agneaux) sont envoyées à l’abattoir vers l’âge de 7-8 ans8. En moyenne, l’espérance de vie des moutons est de 10-12 ans, mais certaines espèces vivent plus longtemps et certains individus ont vécu jusqu’à une vingtaine d’années9.
Parmi les agneaux abattus en 2018, 18 % provenaient d’élevages Label rouge, bio, AOP (appellation d’origine contrôlée) ou IGP (indication géographique protégée), des modes d’élevage encadrés par des cahiers des charges spécifiques. Les 82 % restants provenaient d’élevages dits « conventionnels » sans distinction particulière10.
La coupe des queues
La coupe des queues des brebis, effectuée à vif, est une pratique courante dans l’élevage de moutons. Cette mutilation est effectuée sur les futures brebis reproductrices. Les arguments avancés pour justifier cette mutilation douloureuse sont qu’elle facilite l’insémination artificielle et la mise bas, et qu’elle limite les maladies parasitaires, mais l’efficacité de cette pratique est contestée par des études scientifiques11.
Il existe deux méthodes pour réaliser la coupe des queues12 :
- à la pince « hémostatique » : la queue est coupée directement avec une pince. Cette amputation est effectuée avant l’âge d’un mois ;
- à l’anneau « de gomme » : quelques jours après la naissance, un anneau élastique est placé vers le haut de la queue. Celui-ci interrompt la circulation sanguine, la queue se nécrose et meurt. Elle tombe au bout d’une dizaine de jours.
La caudectomie, souvent effectuée sans anesthésie, provoque des douleurs aiguës, quelle que soit la méthode utilisée et quel que soit l’âge des agneaux (ces mutilations sont généralement effectuées sur de très jeunes animaux, âgés de quelques jours à un mois). En plus de ce traumatisme, la douleur interfère avec la prise de colostrum (le premier lait ingéré par l’agneau juste après la naissance, primordial pour le développement de son système immunitaire) et la création de liens avec sa mère13.
1. FranceAgriMer, 2020. Les Marchés des produits laitiers, carnés et avicoles. Bilan 2019, perspectives 2020, février 2020, 172 p. (p. 37).
2. Interbev, 2019. L’Essentiel de la filière ovine française, 36 p. (p. 7).
3. Interbev, 2019. L’Essentiel de la filière ovine française, 36 p. (p. 6).
4. Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, 2019. Le Bien-être et la protection des moutons, 28 février 2019.
1. FranceAgriMer, 2020. Les Marchés des produits laitiers, carnés et avicoles. Bilan 2019, perspectives 2020, février 2020, 172 p. (p. 37).
2. Interbev, 2019. L’Essentiel de la filière ovine française, 36 p. (p. 7).
3. Interbev, 2019. L’Essentiel de la filière ovine française, 36 p. (p. 6).
4. Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, 2019. Le Bien-être et la protection des moutons, 28 février 2019.
5. Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, 2019. Le Bien-être et la protection des moutons, 28 février 2019.
6. « Synchronisation des chaleurs : pourquoi, comment ? Exemple chez la brebis », Alliance élevage, mai 2014.
7. Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, 2019. Le Bien-être et la protection des moutons, 28 février 2019.
8. Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, 2019. Le Bien-être et la protection des moutons, 28 février 2019.
9. Schoenian, S. « Basic information about sheep », sheep101.info.
10. Interbev, 2019. L’Essentiel de la filière ovine française, 36 p. (p. 8).
11. Mainau E. et al., 2017. « Les conséquences de la caudectomie et de la castration sur le bien-être des moutons », FAWEC (Farm Animal Welfare Education Center).
12. CIIRPO (Centre interrégional d’information et de recherche en production ovine), 2012. Les Deux Techniques pour équeuter un agneau, novembre 2012, 2 p.
13. Mainau E. et al., 2017. « Les conséquences de la caudectomie et de la castration sur le bien-être des moutons », FAWEC (Farm Animal Welfare Education Center).