Lapins

Les élevages de lapins

En France, plus de 35 millions de lapins naissent dans les élevages chaque année. Mais 22 % meurent en élevage avant d’atteindre l’âge d’abattage1. Au final, 27,5 millions de lapins sont abattus dans les abattoirs2. Les élevages de lapins comptent en moyenne plus de 6 000 individus.

Plus de 99 % en cage sur un sol grillagé

La quasi totalité des lapins (sur)vivent dans des élevages intensifs, c’est-à-dire dans des cages au sol grillagé vides de tout aménagement3. Dans ces cages, les lapins vivent sur l’équivalent de moins d’une feuille de papier A4 chacun durant leur vie entière. Aucune limite de densité n’est définie par la réglementation. Les cages sont dépourvues de tout aménagement. Les lapins ne peuvent ni se dresser, ni se cacher, ni bondir, ronger, fouiner… Les lapins étant très craintifs, la plupart des éleveurs diffusent le son d’une radio dans leurs bâtiments pour couvrir les bruits soudains (bruits de cages, mise en route des ventilateurs, etc.) et ainsi tenter de limiter la mortalité. En phase d’engraissement, le moindre déplacement dérange les autres lapins et les agressions sont fréquentes, occasionnant blessures et infections.

Reproduction des lapins

Les lapines reproductrices sont en moyenne plus de 600 dans chaque élevage. Elles vivent isolées les unes des autres, chacune dans une cage. Elles donnent naissance à une dizaine de petits par portée ; plus d’une soixantaine par an. Pour tenir ce rythme, elles sont inséminées de nouveau 10 jours après chaque mise bas. Elles souffrent notamment de lésions aux pattes et de déformations du squelette.

8 lapereaux sur 100 éliminés à la naissance

Dès la naissance, les petits sont triés : ils sont répartis en fonction de leur taille et de leur poids. 8 à 9 sont placés avec chaque lapine. Les malades, les plus petits et ceux en surnombre sont assommés sur le rebord d’une caisse pour les tuer ; il arrive que certains agonisent ensuite au milieu des morts-nés. Les lapereaux sont sevrés et séparés des mères à un peu plus d’un mois, juste avant la mise bas suivante de la mère. Les mises bas s’enchaînent tous les 42 ou 49 jours. L’éleveur consacre en moyenne 4,3 heures de travail par an à une lapine et ses petits. En un an, une lapine donne naissance à 50 petits qui sont envoyés à l’abattoir. Ces 4,3 heures sont réparties chaque année entre 51 lapins : cela représente moins de 5 min par lapin sur toute sa vie. Et cette durée inclut le temps passé au nettoyage du bâtiment, à la distribution de nourriture, etc.4 Les élevages sont de plus en plus grands, et il y a de moins en moins d’éleveurs, ce qui représentent aussi une menace sur l’emploi.

Une très forte mortalité

L’élevage intensif favorise les agressions entre les lapins et la rapide propagation des maladies : les lapereaux sont sujets aux troubles digestifs et les reproductrices aux troubles respiratoires. La nourriture des lapins est supplémentée en vitamines, minéraux, antibiotiques et autres médicaments. Pourtant, 22 % des lapereaux meurent en cours d’élevage, soit près d’un quart qui meurt avant d’atteindre l’âge où ils sont abattus ! Le taux de mortalité des lapines reproductrices est de 29 % en un an. Ce taux de mortalité est un chiffre officiel de la filière issu des résultats technico-économiques de 20151. Sur 1000 lapereaux nés vivants, 239 n’atteignent pas l’âge de 73 jours1:
  • 78 sont tués à la naissance lors de l’équilibrage des nids ;
  • 79 meurent au nid (entre leur naissance et 35 jours) ;
  • 82 meurent à l’engraissement (entre 35 et 74 jours).
Les morts en tout début de vie sont vraisemblablement dues à la prolificité des femelles et au rythme intense imposé des mises bas. La race des lapines pour les élevages de lapins de chair a été sélectionnée pour que naissent un maximum de lapereaux par portée. Aujourd’hui, en moyenne, il naît plus de 10 lapereaux par lapines. Elles ne peuvent en nourrir convenablement que 9 (8 si c’est leur première mise bas). Donc, outre les mort-nés, une sélection est faite par les éleveurs parmi les petits dès la naissance pour garder les « meilleurs » et les répartir dans les nids. Les petits sont manipulés et changés de mère au gré des besoins. Les lapereaux en surnombre sont tués. Les maladies les plus courantes5 sont les troubles respiratoires et digestifs :
  • En élevage intensif les lapins sont exposés à des troubles respiratoires liés aux bactéries, virus et champignons présents dans les bâtiments. La pasteurellose touche souvent les lapines.
  • Les troubles digestifs sont courants et constituent une des causes importantes de mortalité. Des aliments médicamenteux sont utilisés quasi-systématiquement pour équilibrer la flore intestinale des lapins. Un épidémie d’entérocolite tue la quasi-totalité des lapins en quelques jours. Une forte épidémie a eu lieu en 1996 et les mesures sanitaires sont draconiennes depuis. Mais les cas d’entérocolites restent très présents dans les élevages.

L’abattoir

À l’âge de 73 jours, les lapins sont entassés dans des caisses et conduits à l’abattoir. Ils y sont étourdis, saignés, dépecés, éviscérés.

Vous pouvez en apprendre plus sur l’étourdissement électrique et l’abattage des lapins (contenu scientifique).

Sources

1 D'après l'Institut technique des productions avicoles, cunicoles et piscicoles, 22 % des lapins meurent en élevage avant d'atteindre l'âge d'abattage : 7,8 % des lapereaux sont éliminés à la naissance, puis 7,9 % des lapereaux survivants meurent auprès de leur mère, puis 8,2 % de ceux qui survivent encore meurent en phase d'engraissement. Itavi, 2015.

2 Selon les statistiques du Ministère de l'Agriculture, 27,5 millions de lapins ont été abattus en France en 2020. Agreste, 2021.