Cochons

Claquage des porcelets

Une méthode barbare

Chaque année en élevage, des millions de porcelets chétifs ou boiteux, jugés pas assez rentables économiquement, sont éliminés peu après la naissance par « claquage ». Cette méthode barbare consiste à tuer les porcelets en les attrapant par les pattes arrière pour frapper violemment leur tête contre le sol ou un mur en béton. S’ils ne meurent pas sur le coup, l’opération est renouvelée ou ils sont laissés agonisants sur le sol ou dans une poubelle.

L’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) est formelle : les élevages ne doivent pas avoir recours au claquage des porcelets car la probabilité d’une mise à mort immédiate et sans cruauté est faible. Le risque de douleur due à une dislocation des articulations, une fracture des pattes ou une commotion cérébrale sans perte de conscience est élevé1. La filière porcine, qui qualifie elle-même le claquage des porcelets de méthode « peu élégante », conseille d’ailleurs de renouveler l’opération si le porcelet « pédale » durant plus d’une minute2.

Une pratique illégale

Alors que le ministre de l’Agriculture avait annoncé en 2019 la fin du claquage des porcelets, plusieurs enquêtes récentes montrent que cette pratique est toujours répandue en 2024. Pour tenter de le justifier, la filière porcine brandit, à tort, deux textes de loi. Le premier (l’arrêté du 12 décembre 1997) concerne les méthodes d’étourdissement en abattoir, il ne s’applique donc pas à la mise à mort par claquage en élevage.

Le second (l’article 19 du règlement européen du 24 septembre 2009) autorise la mise à mort d’urgence en élevage, mais seulement pour les animaux « blessés ou atteints d’une maladie entraînant des douleurs ou souffrances intenses » qui ne peuvent être atténuées autrement. Or, les porcelets claqués, bien que chétifs, sont en bonne santé, ils sont éliminés pour des raisons économiques. Quand bien même seraient-ils malades, ils devraient être soignés, isolés et examinés par un vétérinaire3. Le claquage enfreint également le Code rural4 selon lequel toutes les précautions doivent être prises pour épargner aux animaux toute souffrance évitable lors de la mise à mort.

Pourquoi tant de porcelets chétifs ?

En France, 4 millions de porcelets5 meurent chaque année entre la naissance et le sevrage. La plupart des petits qui meurent « sous la mère » sont des porcelets faibles, léthargiques6. Ces porcelets chétifs dits « avortons » meurent de faim, écrasés par la mère, ou sont tués par claquage dans les 3 jours qui suivent la naissance.

La sélection génétique pour accroître la productivité des truies s’est faite au détriment de la santé des porcelets7 : davantage de petits naissent, mais un plus grand nombre d’entre eux sont chétifs8. En France, une portée compte en moyenne 16 porcelets (dont 15 vivants)9. Or, au-delà de 12, le taux de survie commence à diminuer10. En plus de naitre avec un poids trop faible, les porcelets doivent lutter pour se nourrir : une portée sur trois compte désormais plus de porcelets que la truie n’a de tétines11. Les porcelets qui n’ont pas accès à une tétine meurent généralement de faim avant l’âge de 4 jours12.

Inhérente aux pratiques de l’élevage intensif, la mortalité des porcelets est désormais reconnue comme une « maladie de production13 ». Au-delà de la sélection génétique, il suffit d’ajouter un épais tapis de paille et d’offrir 1 m2 supplémentaire aux truies en allaitement pour diminuer le taux de mortalité précoce des porcelets14.

Voir nos enquêtes dans des élevages de cochons

Sources
  1. Sihvonen, L. et al., 2020. « Welfare of pigs during killing for purposes other than slaughter », EFSA Journal, vol. 18 n° 7, 72 p. (p. 43).
    EURCAW-Pigs (European Union Reference Centre for Animal Welfare Pigs), 2021. Review on euthanasia of suckling piglets on farm, 52 p. (p. 12). 
  1. Chevillon, P. et al., 2004. « Euthanasie en élevage de porcs », TechniPorc, vol. 27 n° 4 (p. 23-24).
  2. Arrêté du 25 octobre 1982 relatif à l'élevage, à la garde et à la détention des animaux (annexe 1, I.3.d.)