Chèvres

Des chèvres sans cornes ?

Du point de vue de la productivité, les cornes n’ont que des inconvénients : elles causent des blessures qui dévalorisent le prix des carcasses à l’abattoir, elles se coincent dans les cornadis (ces barrières en métal qui immobilisent les animaux lorsqu’ils mangent) et obligent les transporteurs à prévoir plus de place par animal dans les camions1. Au lieu d’adapter le matériel, de réduire les densités en bâtiment ou simplement de laisser sortir les chèvres, la majorité des élevages préfère les priver de leurs cornes en les brûlant au fer.

Des chevreaux brûlés avec un fer chauffé à 600 degrés

Selon les statistiques officielles, 72 % des élevages français pratiquent l’« ébourgeonnage » des chevreaux par cautérisation 15 jours après leur naissance. Dans les élevages de plus de 300 chèvres, cette proportion grimpe à 93 %2. L’« ébourgeonnage » consiste à brûler les bourgeons des cornes des chevreaux avec un fer chauffé à 600 degrés pour empêcher leurs cornes de se développer.

Une mutilation extrêmement douloureuse

La cautérisation au fer est extrêmement douloureuse. Des études ont en effet montré qu’elle provoque des réponses comportementales significatives liées à la douleur et au stress chez les chevreaux, ainsi qu’une production aiguë de cortisol (hormone du stress)3. La cautérisation crée des plaies ouvertes et profondes laissant l’os apparent4. Les plaies mettent 7 semaines à cicatriser entièrement, et resteraient douloureuses pour le chevreau durant tout ce temps5

Aucun traitement de la douleur dans 8 élevages sur 10

Dans leur guide pratique de l’« ébourgeonnage », les professionnels admettent que cette zone est très innervée et que la cautérisation est donc source de douleur, quel que soit l’âge auquel elle est réalisée6. Pourtant, 82 % des exploitations n’ont recours à aucun analgésique. Un simple spray antiseptique est appliqué immédiatement après. Le crâne des chevreaux étant très fin à cet endroit, un fer mal utilisé pourrait causer de graves brûlures au cerveau, entraîner une infection bactérienne, une méningo-encéphalite, voire la mort7.
Sources
  1. Liron M., 2011. Écornage du chevreau : procédure, anesthésie et analgésie, thèse de doctorat.
  2. Agreste, 2015. Pratiques d’élevage 2015 – Élevages de caprins, section Soins aux animaux, tableau n° 6-3.
  3. Alvarez L., Nava R. A. et al., 2009. « Physiological and behavioural alterations in disbudded goat kids with and without local anaesthesia », Applied Animal Behaviour Science, 2009, vol. 117, no 3-4, p. 190-196.