Chevaux

Enquêtes au sein des abattoirs agréés à l’export

2011 : Les Viandes de la Petite-Nation

En décembre 2011, la Coalition canadienne pour la défense des chevaux (CHDC) a rendu publiques des scènes d’abattage de chevaux filmées chez la société Les Viandes de la Petite-Nation. Il s’agit de la 4e enquête menée depuis 2008 dans des abattoirs chevalins canadiens exportant vers l’UE.

Les caméras posées les 13 et 14 juillet 2011 au dessus du box d’abattage ont filmé les procédures d’étourdissement de 150 chevaux au pistolet à tige perforante, dont l’usage doit, selon la loi, rendre les animaux insensibles au premier coup de façon indolore et immédiate.

L’inventaire des 150 abattages dresse un constat terrifiant.

Plus de 40 % des chevaux ne sont pas correctement étourdis après un 1er coup de pistolet. La position du pistolet est souvent mauvaise, parfois entre les tempes, derrière les oreilles ou à la base du cerveau : les chevaux montrent alors des signes manifestes de conscience, se maintiennent en position debout ou assise, secouent la tête ou vocalisent. Jusqu’à 11 coups ratés ont été dénombrés pour un cheval dont l’agonie a duré plus de 4 minutes (cheval 33, jour 1). Sept chevaux n’ont pas bénéficié d’un 2d coup de pistolet, alors que le premier tir avait raté.

Plus de 80 % des chevaux montrent des signes d’affolement : tremblements de genoux, perte d’équilibre ou effondrements.

14 % des chevaux vocalisent. Certains chevaux hennissent même après avoir reçu un coup de pistolet.

Les inspecteurs de l’État canadien présents dans l’abattoir semblent ignorer les problèmes. Au terme des 2 jours d’enquête filmée, le temps de présence d’un inspecteur vétérinaire au poste d’étourdissement se résume à 3 minutes ½ (y compris le temps passé devant le box vide).

Le champ de la caméra laisse entrevoir le passage d’un autre opérateur tenant en main un second pistolet à tige perforante, utilisé hors du box d’étourdissement : à la vue du sang maculant l’ustensile, CHDC estime très vraisemblable que ce second pistolet soit utilisé pour tenter d’étourdir de nouveau des animaux déjà saignés sur la ligne d’abattage.

Dans un courrier à la CHDC, le Dr Nicholas Dodman, professeur vétérinaire à l’Université Tufts (Boston) et spécialiste du comportement des animaux, rapporte : « après avoir passé en revue plus de 150 abattages de chevaux dans cette série de vidéos, ma conclusion est que le procédé s’avère terrifiant pour la majorité des chevaux et, bien souvent, terriblement inhumain. Le traitement cruel des animaux à l’abattoir Les Viandes de la Petite-Nation doit cesser immédiatement. »

Voir la vidéo d’enquête à l’abattoir Viandes de la Petite-Nation

2010 : Viande Richelieu et Bouvry Exports1

Les 18 et 22 février 2010, une caméra fixe a filmé en continu les abattages de chevaux dans les 2 plus grands abattoirs de chevaux du Canada : Viande Richelieu (Québec) et Bouvry Exports (Alberta).

Dans ces deux établissements, les étourdissements se font au tir au fusil. Souvent, le premier tir est inefficace et les chevaux doivent recevoir plusieurs coups. Le temps largement excessif s’écoulant entre les tirs (17 secondes en moyenne et jusqu’à 4 minutes) prolonge inutilement les souffrances des chevaux. La plupart du temps, les tirs sont effectués à une distance qui rend improbable l’ajustement sur l’emplacement correct et précis du front du cheval ; cette difficulté est renforcée par l’état d’agitation des chevaux dans le box et leurs rapides mouvements de tête. Sur la ligne d’abattage, plusieurs chevaux manifestent des signes clairs de conscience.

À l’abattoir Richelieu, le maniement des chevaux est brutal : les chevaux sont fouettés jusqu’à 15 fois et reçoivent d’excessives décharges électriques pour les faire avancer. L’un des chevaux reçoit des décharges sur la tête plus de 40 fois.

La vétérinaire Debi Zimmerman, membre de l’Association de médecine vétérinaire canadienne, qui a étudié les scènes d’abattage de ces enquêtes, estime que « au vu des pratiques actuelles de l’industrie, les chevaux endurent un degré de souffrance physique et émotionnelle inacceptable. Il s’agit d’une question de cruauté qui demande une attention immédiate, et dans l’intervalle, un moratoire s’appliquant à tous les établissements de ce type2 ».

Voir la vidéo d’enquête à l’abattoir Richelieu

Voir la vidéo d’enquête à l’abattoir Bouvry Export

2008 : Natural Valley Farms

Entre février et avril 2008, des enquêtes menées à l’abattoir Natural Valley Farms, établissement de la société belge Velda, exposent au public un scandale sanitaire : des milliers de carcasses de chevaux amoncelées sur des centaines de mètres dans des champs, des chevaux en piteux état, émaciés ou malades, un box d’étourdissement inadapté, l’inaction des inspecteurs vétérinaires en poste…

En février 2009, l’abattoir Natural Valley est forcé par les autorités canadiennes de fermer définitivement ses portes pour raisons sanitaires3. L’abattoir était, jusqu’alors, agréé par l’UE pour l’export vers le marché européen.

Contrôles européens : bien-être animal ? Rien à signaler...

Dans un rapport de visite4 effectué du 23 novembre au 6 décembre 2010 dans les abattoirs canadiens de chevaux, l’Office alimentaire et vétérinaire européen (OAV), chargé de contrôler la mise en œuvre des normes de sécurité sanitaires applicables aux pays-tiers, conclut : « L’étourdissement et l’abattage ont été considérés comme correctement exécutés. Des contrôles du bien-être animal effectués lors de l’abattage des chevaux offraient une garantie équivalente aux exigences de l’UE. »
Sources