Un commerce très mondialisé
Si les volumes de viande chevaline échangés sur le marché mondial sont faibles vis-à-vis d’autres productions animales (volailles, porcs, bovins, ovins), la viande de cheval est celle qui, proportionnellement à sa production, s’exporte le plus. La consommation domestique des pays producteurs est souvent négligeable : pour ces pays, l’abattage des chevaux est l’opportunité de tirer profit d’animaux « de réforme » non élevés pour la boucherie. L’Argentine, le Canada, le Brésil, le Mexique, l’Uruguay, abattent ainsi chaque année plusieurs centaines de milliers de chevaux dont la viande garnira les assiettes des consommateurs de l’UE, de la Russie, du Japon, ou de la Suisse.
Le Canada : 2e exportateur mondial
Le Canada est le second exportateur mondial de viande chevaline après l’Argentine. Depuis 2006, le nombre d’abattages de chevaux au Canada a fortement augmenté. La fermeture des derniers abattoirs de chevaux aux États-Unis en 2007 a généré un afflux supplémentaire de chevaux américains traversant la frontière pour être abattus. En 2010, environ 100 000 chevaux ont été abattus au Canada, dont 60 % en provenance des États-Unis.
Les équidés sont souvent des chevaux de selle écartés des courses ou des manèges, ou d’anciens animaux de compagnie, achetés directement au propriétaire ou vendus aux enchères (livestock auctions) dans leur pays d’origine. Ils passent souvent entre de nombreuses mains avant d’être chargés à bord de camions à destination des abattoirs canadiens.
Seuls quatre abattoirs canadiens (détenus par 3 groupes industriels) se partagent le marché de l’export vers l’Union européenne et le reste du monde :
Les Viandes de la Petite-Nation, à Saint-André-Avellin, Québec
Viandes Richelieu Meat Inc, Massueville, Québec
Bouvry Export, Calgary, Alberta (groupe Viandes Richelieu)
Canadian Premium Meats, Lacombe, Alberta
Commerce et consommation de cheval en France
La consommation de viande chevaline en France est estimée aujourd’hui à moins de 30 000 tonnes, soit moins de 0,5 kg par an et habitant. Cependant des disparités régionales existent, avec une consommation plus ancrée en Île-de-France et dans le Nord-Pas-de-Calais (1). Selon les estimations, entre les deux-tiers et les trois-quarts de la viande consommée serait importée (2). Le Canada compte pour près de 50% des importations (3).
La France importe et exporte des chevaux vivants destinés à la boucherie : elle envoie ses propres chevaux vers l’Italie et l’Espagne, et fait venir des chevaux de Pologne. Mais la majeure partie de ses importations se font en viande fraîche ou congelée en provenance du Canada et de l’Amérique latine.
En parallèle à une consommation intérieure en déclin, une activité de (ré)export de viande chevaline s’est développée.
France, Europe : clients clés du Canada
Selon les douanes canadiennes, la France a importé, en 2010, 3800 tonnes de viande chevaline du Canada, soit près d’un quart de la production. En 2009, selon la FAO, près d’un tiers des exportations canadiennes de viande chevaline avaient été destinées à la France. L’Union européenne représente 88% des débouchés à l’export de la viande chevaline canadienne (4). La société Viandes Richelieu Meat Inc s’est par ailleurs offert une filiale en France, Equus SA, pour assurer la distribution des viandes fraîches expédiées par avion à l’aéroport de Roissy.
Les clients français des abattoirs canadiens de chevaux partagent, avec l’Europe, une responsabilité majeure dans le traitement qui est réservé à ces animaux.
1. Source CIV
2. Institut de l’Elevage et Interbev
3. Office de l’élevage
4. Office de l’élevage