Canards à foie gras

Le broyage des femelles pour le foie gras

Chez les canards, seuls les mâles sont en principe gavés. En effet, le foie des femelles, plus petit et innervé, est habituellement considéré comme indésirable dans la production de foie gras. Les femelles sont donc broyées ou gazées.

Les femelles – qui représentent 35 % des jeunes oiseaux1 – n’ont pas d’utilité pour la filière. Pendant plus de vingt années, sur une quarantaine de millions de canetons mis à naître, 14,5 millions de canetons femelles ont ainsi été tuées chaque année.

En 2022, en France, près de 15 millions de canetons sont nés pour la production de foie gras. Les producteurs ont fait le choix d’utiliser également les canetons femelles pour pallier aux « pertes » liées à l’épizootie de grippe aviaire2.

Tous ces oisillons seront mutilés (débecquage et dégriffage) durant leurs premiers jours pour les adapter à la cohabitation forcée en élevage. 

Élimination des femelles au couvoir : le sexage

Les canetons ou oisons naissent dans un couvoir : les œufs sont placés sur des chariots dans de grandes armoires à incubation. Une fois les œufs éclos, les oisillons sont sexés : on trie les mâles et les femelles.

Comme le foie des femelles est plus petit et qu’il comporte plus de nerfs, il serait moins présentable. Les femelles sont donc écartées de la production de foie gras.

Le foie gras doit ainsi obligatoirement provenir d’un mâle pour porter l’appellation IGP « canard à foie gras du Sud-Ouest »3.

Il existe deux techniques pour déterminer le sexe d’un oiseau : soit par autosexage (certaines souches obtenues par sélection génétique permettent de différencier les mâles par une tache noire sur la tête), soit par retournement du cloaque (organe génital).

Élimination des femelles au couvoir : le broyage

Les canetons femelles sont généralement broyées : elles sont jetées vivantes dans une machine où deux rouleaux mécaniques viennent les écraser. Les mâles trop chétifs, malades ou en surnombre suivent le même chemin.

Il peut arriver que le broyage rate et que certains canetons soient encore vivants à la sortie de la machine : lors d’une enquête menée en 2015 dans un couvoir des Pays de la Loire (voir ci-dessus), certains canetons sortaient de la broyeuse disloqués mais encore vivants, voués à une mort lente et douloureuse.

Plus rarement, ils peuvent être gazés : on les place alors dans un dispositif où ils sont asphyxiés au dioxyde de carbone.

À noter : l’interdiction de la mise à mort des poussins mâles des lignées destinés à la production d’œufs de consommation issus de couvoirs est entrée en vigueur le 1er janvier 2023 en France mais le broyage ou le gazage des canetons femelles de la filière foie gras reste autorisé4.

Grippe aviaire : les femelles gavées depuis 2022

Face à l’épizootie de grippe aviaire qui sévit en France et partout dans le monde depuis plusieurs années, les producteurs de foie gras ont fait le choix en 2022 d’utiliser également les femelles pour produire du foie gras2. Pourtant très hostile au gavage des canes, la filière a changé son fusil d’épaule pour compenser les « pertes » dues à la grippe aviaire.

Le gavage est pourtant source de blessures et souffrances supplémentaires pour les canes, plus nerveuses et plus sujettes aux maladies cardiaques que les mâles.

L214 a pu montrer en décembre 2022 des images d’une salle de gavage du Lot montrant des canes gavées de force, certaines malades, d’autres à l’agonie.

Sources

1. Batellier F., Govoroun M., Brillard J.P., 2004. « Sex-ratio chez les oiseaux sauvages et domestiques », INRA productions animales, 17 (5), p. 365-372 (consulté le 4 mai 2020).

2. Reporterre, « Foie gras : faute de canards, on gave les canes », publié le 6 décembre 2022.