Ouvrier d’abattoir pendant 3 semaines
Notre enquêteur a été présent pendant 3 semaines d’activité de l’abattoir. Il a simplement posé acte de candidature en répondant à une offre d’emploi de l’abattoir, offre qui n’avait aucune exigence en termes de formation ou d’expérience professionnelle. Il a été embauché en tant qu’ouvrier d’abattoir. L’enquêteur était affecté au poste d’aspiration de la moelle et du marquage des carcasses des bovins.
Une enquête en caméra cachée est un moyen d’accéder aux conditions de fonctionnement usuelles de l’abattoir. Il est établi que la présence de visiteurs dans les abattoirs change les modes opératoires en fonction de la qualité annoncée du visiteur1.
L’ouvrier-enquêteur a pu lui-même observer ce changement des pratiques à l’annonce d’un audit de la société McKey, fabricant de steaks hachés surgelés et fournisseur des restaurants McDonald’s. Les ouvriers ont reçu des consignes pour changer les modes opératoires. Un caisson pour la récupération des viscères (caisson de couleur rouge pour la collecte des déchets ultimes) est apparu ce jour-là au poste de l’enquêteur et les parties antérieures des carcasses de bovins ont été recouvertes d’un plastique bleu pour éviter une possible contamination par le contenu d’une panse percée.
Des portes ouvertes ?
Une demande de visite avait été adressée à Charal en 2006. A l’époque l’abattoir n’avait même pas répondu.
Après avoir mené l’enquête et pour attester la fermeture de l’abattoir face à ce type de requêtes, nous avons envoyé une demande officielle de visite à l’abattoir Charal de Metz. La direction de l’abattoir ne savait pas qu’une enquête venait d’être menée sur la chaîne d’abattage. Comme attendu, cette visite nous a été refusée.
La lettre de Charal nous notifiant ce refus souligne le souci de transparence de l’entreprise, son implication au-delà de la réglementation dans le domaine de la protection animale et le rôle des services vétérinaires dans le contrôle des procédures.
1. Séverin Muller, « Visites à l’abattoir : la mise en scène du travail », Genèses 49, décembre 2002.