Dossier
Campagnes réformistes
Pourquoi des campagnes réformistes ?
L’association L214 vise la fin de l’exploitation et de la mise à mort des animaux, notamment des animaux dits « d’élevage » et des poissons, pour la consommation humaine. Alors pourquoi met-elle en œuvre des campagnes dites réformistes, dont l’objectif immédiat n’est pas la fin de l’exploitation des animaux mais le recul des pires méthodes d’élevage et d’abattage, comme la campagne #StopCages pour la fin de l’élevage en cage des poules pondeuses ou la campagne contre l’élevage intensif des poulets dits « de chair » ?
Prendre en compte les pires souffrances des animaux
Nous l’avons montré à travers de nombreuses enquêtes : l’élevage, le transport, et l’abattage engendrent de grandes souffrances pour les animaux. De l’avis des vétérinaires, certaines conditions d’élevage (enfermement, mutilations…) et d’abattage (sans étourdissement, étourdissement par bain électrique pour les poulets…) aggravent ces souffrances. C’est notamment le cas de l’élevage en cage des poules pondeuses, comme l’expliquent dans cette enquête (2018) les vétérinaires Hélène Gateau et Iris Aktar.
S’il est possible de soulager rapidement certaines de ces souffrances, nous pensons qu’il est de notre responsabilité de le faire. Et à plus forte raison lorsque l’amélioration apportée touche un très grand nombre d’animaux. Non pas des milliers, ni même des millions, mais des centaines de millions d’êtres sensibles en France et partout où sont implantées ces entreprises dans le monde.
La force du choix éthique de ne pas manger d'animaux
Certaines personnes s’inquiètent à l’idée que des pratiques d’élevage et d’abattage moins préjudiciables pour les animaux donneraient aux consommateurs le sentiment qu’il est acceptable de tuer des animaux pour les manger lorsque leurs conditions de vie sont moins déplorables. Aujourd’hui, il n’existe pourtant pas de démonstration d’un tel effet, et dans des pays où les normes de protection animale progressent, comme la Suisse, la Suède ou encore l’Autriche, le questionnement éthique lié au fait de considérer les animaux comme des ressources alimentaires n’est pas pour autant affaibli au sein de la société.
Les raisons éthiques de ne pas manger d’animaux, d’œufs ou de lait sont solides et ne disparaîtront pas parce que l’on œuvre par ailleurs à faire reculer les pires pratiques.
Aller de l’avant, progressivement
Nous sommes convaincus qu’avant d’en arriver à une pleine prise en compte des intérêts des animaux, notre société devra passer par des étapes. Tous les mouvements de justice évoluent par étapes, avec changements progressifs. Il nous semble ainsi que la fin des cages est une étape vers un monde plus juste pour les animaux.
Ce pragmatisme dans notre action traduit notre volonté de faire bénéficier les animaux de tous les changements concrets possibles, dès aujourd’hui, sans cesser de bâtir un monde plus juste pour demain. Nous n’hésiterons pas à agir différemment si une autre approche se révèle un jour plus prometteuse pour accéder au plus vite à un monde en paix avec les animaux.
Pourquoi des campagnes à destination des entreprises ?
L214 agit en portant la voix de la majorité des citoyens opposés à l’élevage intensif, pour convaincre les entreprises de prendre leurs responsabilités.
En effet, les entreprises agroalimentaires (producteurs, coopératives, distributeurs, grossistes, chaînes de restaurants…) jouent un rôle important dans les conditions d’exploitation des animaux. En décidant par exemple de cesser de s’approvisionner en viande de poulets issus des pires conditions d’élevage et d’abattage, une entreprise change la donne pour toute sa chaîne d’approvisionnement, et donc pour de très nombreux animaux.
Cette approche pragmatique a mené à l’engagement de plus de 140 entreprises de l’agroalimentaire en France à abandonner les œufs de poules en cage. Du fait de ces engagements, ce mode d’élevage est aujourd’hui voué à disparaître, de l’aveu même de la filière qui affirmait pourtant il y a quelques années que c’était impossible.
L’impact des engagements d’entreprises sur les conditions d’élevage et d’abattage des animaux est colossal, ils peuvent faire basculer les pratiques de toute une filière !
Pourquoi ne pas demander uniquement aux entreprises de cesser la production et la commercialisation de tous produits animaux ?
D’un point de vue pragmatique, les entreprises agroalimentaires ne vont pas cesser de produire et de commercialiser des produits animaux du jour au lendemain. Porter une telle demande serait donc voué à l’échec.
Notre démarche auprès des entreprises agroalimentaires consiste ainsi à encourager des actions, même perfectibles, créant un changement significatif pour les animaux… tout comme on peut soi-même avoir réussi à se passer totalement de produits animaux, et encourager par ailleurs les petits gestes que d’autres personnes commencent à faire pour les animaux.
De plus, les entreprises sont conscientes qu’il ne s’agit pour nous que d’une étape et nos échanges avec elles sont aussi l’occasion de les encourager à végétaliser leur chaîne d’approvisionnement. Notre campagne VegOresto Pro prend alors le relais : elle vise spécifiquement à accompagner les entreprises agroalimentaires et de la restauration sur le chemin des alternatives végétales !
Cette démarche est très similaire à notre approche de sensibilisation du grand public : au niveau individuel, L214 encourage les consommateurs à adopter une attitude d’achat responsable, au minimum en refusant les produits issus de l’élevage intensif et en réduisant dès maintenant leur consommation de produits d’origine animale, au mieux se passant complètement de ces produits. Le site Vegan Pratique et le Veggie Challenge permettent de découvrir l’alimentation végétale et d’accompagner les personnes qui souhaitent s’y essayer, partiellement ou totalement.