Marion Guillou (INRA) : Ce qu’il faudra pour nourrir le monde

Voici un extrait d’une interview de Marion Guillou, Présidente directrice générale de l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) donnée au magazine Nature le 14 avril 20101.
L’intégralité de l’article de Declan Butler, « Ce qu’il faudra pour nourrir le monde », est consultable sur le site de la revue Nature.

Elle parle à Declan Butler de la façon dont les chercheurs essayent de relever le défi de nourrir une population mondiale qui devrait atteindre les 9 milliards d’individus en 2050.

Quelles sont les voies les plus prometteuses pour nourrir 9 milliards de personnes ?

La première des priorités est de lutter contre la perte et le gaspillage. Nous perdons de 30 à 35% de la production alimentaire mondiale. Cela nous donne une grande marge de manœuvre pour augmenter la nourriture disponible. Nous faisons des recherches avec des entreprises de transformation et de distribution alimentaires afin d’explorer des solutions. Nous ne serons sans doute pas capables de résoudre le problème, mais nous pouvons améliorer la situation.

Le régime alimentaire sera également un facteur déterminant dans notre capacité à nourrir le monde (les produits animaux exigeant considérablement plus d’énergie et de terre que les plantes). Nous devons garantir une disponibilité alimentaire de 3 000 kilocalories quotidiennes par personne, dont seulement 500 kilocalories provenant de produits animaux – nous n’essayons pas de transformer tout le monde en végétariens. Cela procure une alimentation saine et satisfaisante, mais qui est éloignée du régime alimentaire occidental typique.

Si nous conservons le régime alimentaire actuel typique des pays de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), et si beaucoup d’autres pays nous suivent sur cette trajectoire, nous n’aurons pas les mêmes résultats en termes de disponibilité alimentaire qu’avec un régime plus modéré au niveau mondial.


1. Traduit par Marceline Pauly pour L214.