L’envers du décor : l’élevage des dindons

Une vidéo par jour pour montrer l'envers du décor du salon de l'agriculture

« Notre modèle agricole et alimentaire
est un facteur d’identité dans notre pays. [[…]]
Il doit être aussi un exemple et un modèle pour le monde »(1)
Bruno Le Maire
.

Au Salon de l’Agriculture, on peut voir quelques dindons emplumés et choyés posant majestueusement dans un décor sympathique.

L214 vous propose de retrouver leurs congénères restés dans les élevages : pinçons-nous le nez et entrons dans cet immense bâtiment agricole où plusieurs dizaines de milliers de dindons sont sur le point d’être chargés en direction de l’abattoir.

Troisième vidéo de la série de 9 enquêtes de L214 révélées chaque jour tout au long de la tenue du salon.

Lire Une vidéo par jour
Première vidéo l’élevage des cochons
Deuxième vidéo l’élevage des lapins

Une caméra posée au plus près

Après avoir passé 17 semaines confinés, les dindons sont ramassés et bourrés dans des caisses trop basses : une opération éprouvante pour ces oiseaux de grande taille, un travail de forçat pour les ramasseurs. Les images sont crues, sans commentaire : violence du chargement, panique des oiseaux.

Elevage industriel pour bouffe industrielle

Comme près de 97% des dindons français(2), ils sont confinés dans un bâtiment sans accès à l’extérieur, sur les excréments qui s’accumulent pendant 15 à 18 semaines. Les sélections génétiques provoquent l’obésité de ces oiseaux avec un développement des muscles au détriment des organes et des os.

La croissance rapide ajoutée à la promiscuité et les conditions d’élevage favorisent des pathologies respiratoires, digestives et locomotrices malgré les vaccinations et les traitements médicamenteux(3). Ainsi, en 25 ans, la « rationalisation » de l’élevage a entraîné une hausse de 34% du taux de mortalité(4) avoisinant aujourd’hui 8%.

Les 58 millions de dindes et dindons abattus chaque année sont des volailles de découpe : on retrouve leur chair dans de nombreux plats préparés, notamment dans la restauration rapide ou collective.

Une question d’éthique

L’élevage industriel est la pire forme que peut prendre l’élevage des animaux : elle se modernise inexorablement, niant davantage à chaque « progrès » que les animaux sont des êtres sensibles. L’éleveur devient technicien d’ambiance, l’animal, protéines sur pattes.

Alors que de nombreux acteurs tentent d’alerter l’opinion publique et les décideurs, la situation empire depuis des années. Aujourd’hui, le ministre soutient plus fort que jamais un modèle d’élevage ravageur. Que faire pour provoquer un changement ?


Notes :

1. « 48e édition du Salon international de l’agriculture », du 19 au 27 février, Agri72, 11 janvier 2011.
2. Agreste, Enquête production avicole 2008 : 57 millions de dindes industrielles, 1,8 millions de dindes fermières.
3. J.L Guérin, L’élevage de dindes de chair, Avicampus.
4. Jean Champagne, Evolution des performances techniques obtenues en élevage de volailles de chair en France au court d’un quart de siècle 1984 – 2009, ITAVI, 2010.