Les bovins adultes, les veaux et les chevaux sont « étourdis » par perforation du crâne et destruction d’une partie du cerveau, au moyen d’un pistolet à tige perforante. Cette méthode présente un taux d’échec élevé du fait de sa difficulté d’application en abattoirs.
Les bovins et les chevaux sont conduits un à un, généralement à l’aide d’aiguillons électriques, dans un box exigu permettant de les immobiliser. L’étourdissement au pistolet à tige perforante consiste alors à propulser une cartouche à un endroit précis de la tête de l’animal pour perforer sa boîte crânienne et détruire une partie de son cerveau (cf. vidéo). Si cela est correctement réalisé, les lésions au cerveau et l’hémorragie au point d’impact provoquent sa perte de conscience.
Cependant, pour que l’étourdissement « réussisse », il est indispensable que la cartouche soit d’un calibre adapté, et que le coup soit porté à un endroit précis de la tête de l’animal, l’arme en position perpendiculaire par rapport au crâne. Or, dans des conditions d’abattage standard, cela n’est pas toujours facilement réalisable, en particulier du fait des mouvements de résistance et de recul des animaux qui rendent l’application du pistolet hasardeuse, des systèmes de contention pas toujours adaptés au gabarit des animaux abattus, etc.
Il en découle un taux d’échec important, souligné par l’INRA :
Au total, l’INRA observe un taux d’échec allant de 6 à 16 % chez les bovins, principalement pour cause de pistolet ou cartouches inadaptés, ou de système de contention inadéquat2. Pour l’EFSA, il semble difficile de descendre en deçà d’un taux d’échec de 4 à 6 %3.
Nos enquêtes en abattoirs ont permis d’en révéler l’extrême violence. Dans les abattoirs d’Alès et de Pézenas, le tir était particulièrement mal ajusté pour l’étourdissement des chevaux. Dans celui du Mercantour, le box de contention n’était pas adapté aux animaux de petite taille comme les veaux. Dans celui de Mauléon-Licharre, les veaux étaient carrément placés à plusieurs dans le box de contention prévu pour un seul animal ! À l’abattoir certifié bio du Vigan, le box de contention n’était pas adapté aux bovins à cornes. Ou encore à celui de Limoges, les bovins étaient mal immobilisés et le tir se faisait à la volée.
=> L’abattage par perforation du crâne donne souvent lieu à des scènes insoutenables. Les bovins et les chevaux, contraints par la peur d’entrer dans un box exigu, sont nombreux à se débattre. L’application hasardeuse du pistolet à tige perforante occasionne de nombreux échecs, et les animaux mal étourdis qui ne sont pas ré-étourdis finissent suspendus par les pattes et égorgés en pleine conscience…
Lire aussi :
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→ Voir toutes nos enquêtes dans les abattoirs français
Références
1 INRA (Institut national de la recherche agronomique), 2009. Douleurs animales : les identifier, les comprendre, les limiter chez les animaux d’élevage. Rapport d’expertise réalisé par l’INRA à la demande du ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche et du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, 339 p. (p. 226).
https://www.inrae.fr/sites/default/files/pdf/ce6134a6e6437d208ea4f10b2b9b3744.pdf
2 INRA, 2009 (voir note 1), p. 226.
3 EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments), 2004. Rapport scientifique relatif au bien-être animal dans les principaux systèmes d’étourdissement et de mise à mort des grandes espèces commerciales d’animaux, 241 p. (pp. 61-62).
https://efsa.onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.2903/j.efsa.2004.45