Le 20/09/2016
Ce mardi, L214 rend publiques des images tournées la semaine dernière lors des abattages rituels de moutons au moment de l’Aïd el-Kébir dans un abattoir de Nouvelle-Aquitaine. Plusieurs milliers de moutons ont été abattus sur une journée dans cet abattoir, qui est un des plus importants de France.
Les images montrent des égorgements à vif de moutons, des animaux accrochés encore vivants et conscients qui continuent à se débattre une fois suspendus à la chaîne. Malgré le renforcement annoncé des contrôles, force est de constater que les animaux continuent de mourir dans des souffrances immenses, accentuées par plusieurs infractions à la réglementation.
Ce matin, la Commission d’enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français rendra ses conclusions. L’abattage sans étourdissement a été un de ses sujets d’étude et fera sans doute l’objet de propositions.
Pour Brigitte Gothière, porte-parole de L214 : « L’abattage sans étourdissement n’a évidemment pas le monopole de la cruauté — nos précédentes enquêtes en témoignent — mais c’est une pratique reconnue par la communauté scientifique et vétérinaire comme provoquant davantage de douleur et de stress qu’un abattage avec étourdissement. L’interdiction de la mise à mort d’animaux sans étourdissement est la moindre des choses, nous espérons que la commission aura envisagé cet impératif minimum ! »
L214 lance une pétition ce matin, demandant au Premier ministre Manuel Valls d’interdire l’abattage des animaux sans étourdissement préalable.
Contacts presse :
Johanne Mielcarek : 06 02 37 02 60
Brigitte Gothière : 06 20 03 32 66
Samuel Airaud : 06 01 78 17 09
L214 salue le travail réalisé par la Commission d’enquête parlementaire. Jamais la question de la mise à mort des animaux n’avait été abordée de façon aussi profonde et sérieuse au sein du Parlement. À l’initiative du groupe Radical, républicain, démocrate et progressiste (RRDP), sous l’impulsion du député divers gauche Olivier Falorni, cette commission a permis de donner une existence aux centaines de milliers d’animaux qui meurent chaque jour derrière les murs des abattoirs en France. La question animale est devenue une question d’importance dans le débat politique. Les programmes des différents partis politiques ne pourront plus faire l’économie de propositions et d’engagements sur la condition des animaux d’élevage. Il y a une vraie attente publique à ce sujet.
Ceci dit, au vu du déroulement de la Commission d'enquête, il est probable que les propositions présentées ce matin soient en deçà des ambitions qui ont poussé à sa création. La Commission a délibérément restreint son action à des mesures de surface en excluant du champ de son examen certaines solutions concrètes et immédiatement applicables, comme une réduction de la consommation de viande et de produits animaux. Elle a ainsi d'emblée écarté les problèmes structurels posés par une consommation carnée élevée s'interdisant ainsi de s'attaquer véritablement au fond.
Une mise en place de caméra de surveillance ? Utile si et seulement si elle contribue à la transparence des abattoirs par un accès des associations et de la société civile aux images.
Une formation du personnel ? La réglementation exige déjà un personnel compétent. Que peut faire le plus consciencieux des employés, à qui il est demandé de mettre à mort 60 à 100 animaux par heure ?
→ Les propositions que nous avions formulées à la Commission
Le point de vue des scientifiques et des vétérinaires est sans ambiguïté : l’abattage sans étourdissement est inacceptable.
Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) : « En raison des graves problèmes de bien-être animal liés à l'abattage sans étourdissement, un étourdissement devrait toujours être réalisé avant l'égorgement »
Fédération des vétérinaires d'Europe : « L'abattage des animaux sans étourdissement préalable est inacceptable en toutes circonstances. »
Conseil national de l'Ordre des vétérinaires : « tout animal abattu doit être privé de conscience d’une manière efficace préalablement à la saignée et jusqu’à la fin de celle ci. »
Dans d’autres pays, l’étourdissement est obligatoire : c’est le cas au Danemark, en Suisse et en Norvège. La Malaisie, la Jordanie, le Vietnam, le Japon, les Philippines, l’Indonésie et plus récemment l’Egypte font évoluer leurs pratiques et acceptent aujourd’hui l’étourdissement également.
Les raccourcis qui enlisent les débats sur l'abattage rituel sont nombreux. Opposer par principe « abattage religieux » et « étourdissement » en ignorant que l'étourdissement est accepté dans certains pays majoritairement musulmans (comme l'Indonésie ou la Jordanie) ne favorise pas le dialogue et l'évolution vers des règles d'abattage qui rendraient l'étourdissement systématique.
Il est toutefois temps d’avancer et de placer les animaux au centre du débat.
Contacts presse :
Samuel Airaud : 06 01 78 17 09
Johanne Mielcarek : 06 02 37 02 60
Brigitte Gothière : 06 20 03 32 66
L214 est une association de défense des animaux. Depuis ses débuts en 2008, elle a rendu publiques plus de 100 enquêtes révélant les conditions d'élevage, de transport et d'abattage des animaux. Ces vidéos ont permis de révéler les pratiques routinières et les dysfonctionnements d'une industrie qui considère et traite les animaux comme des marchandises.
Forte de plus de 50 000 membres, suivie par plus de 750 000 personnes sur Facebook, L214 a notamment obtenu l'engagement de plus de 180 entreprises à renoncer aux œufs de poules élevées en cage et aux pires pratiques d'élevage et d'abattage des poulets élevés pour leur chair et la création d’une commission d'enquête parlementaire sur les conditions d'abattage des animaux. Participant activement au débat démocratique, L214 est régulièrement sollicitée par les médias pour son expertise, et revendique l’arrêt de la consommation des animaux et des autres pratiques qui leur nuisent.