Statut des animaux : la désinformation de la FNSEA dénoncée

Le 28/10/2014

A la veille de l’examen, par l’Assemblée nationale, d’une proposition d’évolution du statut juridique des animaux dans le cadre du projet de loi relatif à la modernisation et à la simplification du droit, la FNSEA et 25 organisations agricoles se mobilisent. Leur objectif : convaincre que la situation des animaux dans les élevages est déjà optimale, pleinement prise en charge et contrôlée. Et qu’il est donc inutile, voire dangereux, de reconnaître aux animaux une sensibilité dans le Code civil français.

Dans l’édito d’une brochure qu’elle présentera mercredi 29 octobre à la presse, la FNSEA dresse un portrait imaginaire et mensonger de la condition des animaux élevés et tués en France pour l’alimentation.

L214, association qui centre son travail documentaire sur la condition des animaux dans les élevages français, dénonce la désinformation propagée par la filière dans l’intention de bloquer toute avancée réglementaire protégeant davantage les animaux.

Ce sont des faits : en France, la majorité des animaux dans les élevages sont entassés dans des bâtiments fermés sans accès au plein air, souvent en cages. Ils subissent des mutilations par millions, sans anesthésie. Ils sont privés de l’expression de comportements essentiels à leur bien-être. Facteur aggravant : des rapports officiels témoignent d’infractions récurrentes et systématiques aux normes minimales dans de nombreux élevages et abattoirs français, et de l’incompétence des autorités pour y mettre un frein.

Avec la ferme des 1000 vaches, l’élevage aux 250 000 poules ou de nombreux autres projets en cours, la maltraitance institutionalisée des animaux n’est pas prête d’être endiguée dans les élevages français.

Truie en stalle

Contacts presse :
Brigitte Gothière : 06 20 03 32 66
Sébastien Arsac : 06 17 42 96 84

L’élevage français en chiffres et en images :
intensif à une écrasante majorité

En France*, dans les élevages professionnels :

  • 82% des 800 millions de poulets de chair sont élevés sans accès à l’extérieur
  • 70% des 49 millions de poules pondeuses sont élevées en batterie de cages
  • 99% des 40 millions de lapins sont élevés en batterie de cages
  • 95% des 25 millions de cochons sont élevés sur caillebotis en bâtiments

(*sources)

Chaque jour, 3 millions d’animaux sont tués dans les abattoirs français. Ce chiffre approche les 1 milliard par an, sans compter les poissons (qui s’évaluent en milliers de tonnes). Plus de 80 millions de poussins mâles et de canetons femelles écartés de la filière « œuf » ou « foie gras » sont directement broyés vivants ou gazés dans les couvoirs.

Dans les élevages, de nombreuses espèces subissent des mutilations routinières sans anesthésie : coupe des queues et des dents (cochons), des testicules (cochons, veaux), des becs (poules, dindes, canards), des cornes (bovins, chèvres).

Les privations comportementales sont considérables : séparations mère-petits, densités d’élevage élevées, pauvreté de l’environnement (caillebotis ou cage). Leurs conséquences sur la condition des animaux sont scientifiquement établies.

→ Plus de données sur les pratiques d’élevage en France

Les enquêtes de L214 au cœur des élevages français ont illustré de nombreux reportages et articles de presse. Ces vidéos sont consultables et utilisables : www.l214.com/video

Non, les normes minimales ne sont pas respectées

Contrairement aux propos tenus par la FNSEA, les normes minimales de protection animale sont loin d’être respectées dans les élevages et les abattoirs français.

  • Selon la presse agricole, à l’automne 2014 50% des salles de gavage françaises sont équipées de cages individuelles, interdites en Europe (la France y a dérogé).
  • En septembre 2014, L214 révèle les images de 3 élevages de poules en batterie non-conformes approvisionnant la Marque U. Des non-conformités déjà relevées dans les élevages en batterie français de poules par l’Office Alimentaire et Vétérinaire européen (OAV) en novembre 2012 (absence d’aménagements obligatoires, notamment la litière et l’aire de picotage). Ces non-conformités récurrentes sont reconnues par les autorités mais non sanctionnées.
  • Dans un rapport publié en octobre 2013, le Comité national de promotion de l’œuf (CNPO) reconnaît la pratique des surdensités dans les élevages de poules pondeuses.
  • Le même rapport de l’OAV rapporte que les autorités françaises autorisent des mortalités deux fois plus élevées que la limite européenne dans les élevages de poulets de chair pratiquant de hautes densités d’élevage.
  • Pendant 20 ans et jusqu’en novembre 2013, le transport de chevreaux vers les abattoirs s’est réalisé en toute illégalité, dans des cages à dindes ou à lapins. Une infraction qui a pris fin suite aux plaintes de L214.
  • En novembre 2013, l’OAV rapporte de graves non-conformités, une protection animale défaillante et un manque d’efficacité des contrôles dans les abattoirs français de volailles et de lapins.
  • En 2014, la Commission européenne poursuit une procédure d’infraction envers la France pour non-conformité à la Directive 2008/120 CE sur la protection des porcs en élevage.
  • En 2012, la Commission européenne entame une procédure d’infraction envers la France pour non-conformité à la Directive 1999/74 CE sur la protection des poules pondeuses en élevage.

Les contrôles des normes de protection animale effectués par les autorités sont dérisoires. L’objectif de contrôle est fixé à 1% des élevages par an. Un objectif qui n’est même pas atteint dans les élevages de veaux, de porcs et de poules, selon la Commission européenne qui rapporte* un taux de 0,68%.

*p.121

Fermes ouvertes ? Pas vraiment…

Transparence, portes ouvertes… Des éléments de langage serinés par les communicants au service des filières. En réalité, les filières d’élevage sont beaucoup moins enclines à ouvrir leurs portes qu’elles ne le prétendent. Si les portes des élevages intensifs sont presque invariablement fermées aux associations de protection animale, il en est de même pour les journalistes trop curieux.

En 2013, la journaliste Olivia Mokiejewski rapporte, dans son documentaire « Une vie de cochons » pour France 2, la lettre envoyée par l’interprofession porcine à tous ses membres : « Nous sommes sollicités par une journaliste [[…]] Nous vous recommandons de ne pas donner suite à ces sollicitations. »
Ces difficultés à documenter l’élevage français sont rapportées par de nombreux autres journalistes de terrain (ex : France 5, 2013 ; Newsweek, 2014).

Contacts presse :
Brigitte Gothière : 06 20 03 32 66
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