Et mon E. coli, c’est du concombre ?

36 décès en Allemagne. Concombres ? Graines germées ? Il peut certes arriver que des végétaux soient contaminés (les concombres ont été mis hors de cause en l’occurrence), mais pour cela il faut que les bactéries E. coli voyagent, car à la base ce sont des bactéries intestinales, présentes dans le tube digestif des mammifères, dont les humains.

Il en existe différentes souches. Les bovins et ovins peuvent être les porteurs sains de certaines d’entre elles, alors que ces mêmes souches sont pathogènes quand elles sont ingérées par des humains. La source des intoxications alimentaires par les E.coli c’est l’élevage et l’abattage des animaux, principalement des bovins. Le passage des bactéries du système digestif des animaux d’élevage à celui des humains peut emprunter différentes voies, comme l’explique un article publié le 31 mai 2011 sur le site de l’INRA, auquel est emprunté le schéma ci-dessous.

transmission Escherichia coli

La souche de E. coli qui sévit actuellement en Allemagne s’avère particulièrement résistante aux antibiotiques, d’où la difficulté de traiter efficacement les malades. Rappelons que le recours massif aux antibiotiques dans les élevages contribue au développement de l’antibiorésistance.

Dans le nord de la France, plusieurs enfants sont hospitalisés, victime d’une autre souche de E. coli, certains dans un état grave. Voie de contamination classique : viande hachée. Le directeur du CIV, Louis Orenga, joue son rôle naturel de pompier chargé d’éteindre les incendies qui menacent les débouchés de la viande de bœuf, expliquant dans Le Figaro ou dans L’Usine nouvelle combien les contrôles sanitaires sont stricts, même si le risque zéro n’existe pas.

Bon, le CIV c’est le CIV, il défend son bifteck. Mais les experts, que disent-ils ? Ô surprise, il s’en trouve pour « dédramatiser » ces intoxications à un point qui ne peut manquer d’inquiéter. Aucune raison d’avoir peur, expliquent-ils, on ne devrait même pas parler de cette affaire. Motif ? De telles hospitalisations se produisent régulièrement, rien de nouveau. Ah, si seulement nous avions davantage d’experts comme eux dans tous les domaines (« aucune raison de s’inquiéter des guerres, du sida, de la faim, des viols… ils se produisent régulièrement, rien de nouveau ») nous pourrions enfin respirer dans un monde totalement dédramatisé !

En savoir plus sur ces experts rassurants

Les risques encourus par les consommateurs sont réels, mais limités. Les intoxications touchent une faible proportion d’entre eux, et dans la plupart des cas l’affection est bénigne. Par contre, aucun animal ne ressort vivant d’un abattoir. C’est pour les vaches que les steaks sont toujours mortels.

La viande est mauvaise pour la santé de ceux qui sont mangés.